Quelques semaines seulement après que la France a interdit l'utilisation du mot « viande » sur les produits alimentaires végétaliens, la plus haute juridiction du pays a annulé la décision suite aux pressions exercées par les entreprises à base de plantes et les consommateurs qui ont combattu la nouvelle loi sur l'étiquetage.
Le tribunal français a déterminé que l'interdiction n'avait pas donné aux entreprises d'origine végétale le temps nécessaire pour se conformer aux nouvelles restrictions. Plusieurs organisations végétales ont fait pression contre cette décision, notamment ProVeg International et Proteines France, un consortium d'entreprises visant à améliorer l'industrie végétale française.
Cette décision est une ordonnance provisoire, ce qui signifie qu'il est difficile de savoir comment les tribunaux et les gouvernements adapteront ou supprimeront les restrictions d'étiquetage. PrvoVeg international a salué la suspension, révélant que le tribunal avait exprimé de "sérieux doutes" quant à la valeur juridique de l'interdiction.
« Nous sommes ravis d'apprendre que le Conseil d'État français a décidé de suspendre le décret interdisant les noms de produits à base de plantes », a déclaré le vice-président de ProVeg, Jasmijn de Boo. "Les aliments d'origine végétale font partie de la solution pour lutter contre la crise climatique et toute réglementation devrait soutenir activement leur vente et leur commercialisation, et non les entraver."
La législation visait à interdire à toutes les entreprises du végétal en France d'utiliser des termes liés à la viande tels que "bacon" et "steak". Les propriétaires des nouvelles restrictions affirment que l'interdiction est conçue pour empêcher la "confusion des consommateurs", mais ceux qui s'y opposent pensent que l'interdiction ne fera que nuire à l'industrie et aux consommateurs français en pleine croissance.
Protéines Frances a fait pression auprès de la Haute Cour française, affirmant que les entreprises concernées par l'interdiction n'avaient pas reçu un préavis suffisant pour changer de marque et rediriger leurs plateformes publicitaires. Le consortium comprend de grandes marques telles qu'Avril, le Groupement Les Mousquetaries et le plus grand fabricant de produits alimentaires au monde, Nestlé.
« De nombreuses étapes sont nécessaires pour changer le nom d'un produit, comme le développement de nouvelles dénominations et d'univers de marque, la réalisation d'enquêtes auprès des consommateurs et le dépôt de marques à protéger, ainsi que la production de nouveaux emballages, » Protéines France a lâché dans un communiqué. "En suspendant le décret, le Conseil d'Etat reconnaît l'impossibilité pour les opérateurs de pouvoir s'y conformer au 1er octobre 2022. En conséquence, les produits contenant des protéines végétales pourront continuer à être commercialisés sous les dénominations actuelles."
Interdiction de la "viande" en France
Publié le 30 juin, l'interdiction a immédiatement fait l'objet de vives critiques de la part des marques végétales ayant leur siège en France. Les nouvelles limitations ont touché exclusivement les producteurs français, obligeant les entreprises à se délocaliser ou à concurrencer les marques internationales libres de marquer avec des termes liés à la viande. La société française de bacon La Vie a publié une déclaration selon laquelle cette interdiction forcerait l'entreprise à quitter la France.
« Vous ne verrez rien de plus délirant aujourd'hui », a déclaré le PDG de La Vie Nicolas Schweitzer sur les réseaux sociaux. "Après avoir poussé à la réindustrialisation de la France, le gouvernement vient de voter un décret nous poussant à délocaliser."
L'Afrique du Sud et la Turquie attaquent l'industrie des plantes
L'interdiction proposée par la France suivait de près une restriction d'étiquetage similaire promulguée en Afrique du Sud. En juin dernier, le gouvernement sud-africain a décrété que les fabricants de produits alimentaires ne pouvaient pas utiliser de noms « charnus » pour les aliments à base de plantes. La décision expliquait que les entreprises ne pouvaient plus utiliser des termes tels que "pépites végétaliennes" ou "boulettes de viande à base de plantes" pour décrire les produits alimentaires. Le gouvernement sud-africain affirme que la nouvelle réglementation vise à minimiser la confusion des consommateurs.
"Des réglementations comme celle-ci sont exactement ce dont nous n'avons pas besoin lorsque les scientifiques du monde entier nous disent que nous devons de toute urgence réduire notre consommation de viande pour aider à freiner le réchauffement climatique dangereux", a déclaré Donovan Will, directeur national de ProVeg Afrique du Sud.« La réglementation manque de respect aux consommateurs. Il n'y a aucune preuve pour montrer que les gens sont confus par les noms charnus des aliments à base de plantes. En fait, des preuves provenant d'Australie, d'Europe et des États-Unis prouvent qu'ils ne sont pas confondus. Nous exhortons vraiment le gouvernement à annuler ce règlement. »
En Turquie, l'industrie végétale fait face à une interdiction plus sévère. Le ministère turc de l'Agriculture et des Forêts a annoncé l'interdiction de vendre et de produire tout fromage végétalien. La nouvelle restriction fera de la Turquie l'un des pays les moins favorables aux végétaliens au monde. Des organisations végétaliennes tentent de renverser l'interdiction, notamment l'Association végétalienne de Turquie (TVD). La TVD a intenté une action en justice contre le gouvernement pour défendre les droits des marques et fabricants à base de plantes en Turquie.
La victoire de Miyoko contre l'industrie laitière
Aux États-Unis, le ministère californien de l'Alimentation et de l'Agriculture a tenté de promulguer une interdiction similaire sur les étiquettes de produits laitiers végétaliens, mais la pionnière végétalienne Miyoko Schinner a poursuivi le CDFA avec l'aide du Animal Legal Defence Fund et a gagné.Schinner a créé un précédent pour les États-Unis, permettant aux marques à base de plantes de conserver leurs droits d'étiquetage.
Malgré la victoire de Schinner, le Dairy Pride Act circule au niveau fédéral. Soutenue par l'industrie laitière, la loi restreindrait l'utilisation du «lait» et des termes associés aux produits laitiers au profit de l'industrie laitière.
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